« Unbelievable » (Netflix), voilà un sublime polar qui pousse les mini-séries vers un réalisme plus que parfait à travers un commentaire social de huit épisodes (43–58 minutes) peu fictionnels, haletants et excellemment dramatisés.
Depuis la première saison de « True Detective » (HBO) de Nic Pizzolato avec le binôme Rust Cohle (Matthew McConaughey) et Martin Hart (Woody Harrelson), aucune série policière n’a fait mieux.
Et voilà Susannah Grant, Ayelet Waldman et Michael Chabon viennent de nous offrir un chef-d’œuvre qui n’a rien à envier à la magie du « Silence des agneaux » (1991) de Jonathan Demme avec Anthony Hopkins et Jodie Foster .
Inspirée de faits réels publiés dans un article de presse « An Unbelievable Story of Rape » (T. Christian Miller & Ken Armstrong), paru sur le site d’investigation ProPublica en 2015, cette création originale –mise en ligne le 13 septembre 2019 sur la plateforme de Netflix — a l’intelligence de nous brosser les portraits de victimes d’un prédateur sexuel avec beaucoup de subtilité et sans fioritures.
Relevant du genre dit « true crime » (crime véridique), « Unbelievable » rejoue une enquête de police à la recherche d’un violeur en série dans l’État du Colorado, aux États-Unis.
Tout commence en 2008 à Lynnwood dans l’Etat de Washington. Une étudiante dans un programme d’aide aux jeunes défavorisés, Marie Adler — un rôle joué par l’excellente Kaitlyn Dever: une révélation — est victime d’un viol dans son appartement. Elle alerte la police, mais les deux inspecteurs, Robert Parker (Eric Lange) et son coéquipier Pruitt (Bill Fagerbakke), sont interpellés par l’absence de traces du criminel.
Pis encore, lorsque la mère d’accueil de Marie leur fait part de ses doutes vis-à-vis la version de la jeune fille, les enquêteurs font pression sur Marie. Fragile et vulnérable, elle est sévèrement poussée à se rétracter. Cette volte-face entraîne une série des conséquences catastrophiques: ses éducateurs Ty (Charlie McDermott) et Becca (Patricia Fa’asua), amis et proches lui tournent le dos.
Dans la foulée, Marie perd son travail ainsi que son logement et fait l’objet de poursuites judiciaires pour « fausse déclaration ».
Doublement victime, la jeune fille subit de plein fouet les horreurs du « victim blaming », l’incompétence des deux enquêteurs chargés de son affaire, la froideur clinique d’un système sexiste et défaillant, le dénigrement d’une société sans état d’âme et surtout des conséquences psychologiques la poussant au bord du précipice.
Trois ans plus tard, en 2011, à Golden, dans l’Etat du Colorado, l’inspectrice Karen Duvall — un personnage interprété brillamment par Meritt Wever — enquête sur un viol qui a eu lieu, en fin de journée, dans l’appartement d’une étudiante, Amber Stevenson (Danielle Mcdonald).
Max Duvall, le conjoint de Karen, également flic, l’informe qu’ils ont eu un cas très semblable un mois plus tôt et il l’aiguille vers sa cheffe, l’inspectrice Grace Rasmussen (Toni Colette).
Et vu les similarités entre les deux dossiers, les deux inspectrices décident de fusionner les deux enquêtes pour augmenter leurs chances dans le but de coincer ce satané de violeur cagoulé.
Formant un duo de choc, avec l’aide de l’agent spécial du FBI Billy Taggart (Scott Lawrence), Duvall et Rasmussen mènent l’enquête contre vents et marées face à l’homme au pick-up « Mazda » blanc, un certain Chris McCarthy (Blake Ellis): un ex-soldat US, très minutieux, et qui laisse toujours derrière lui des scènes de viol nickels.
Manifestement, entre l’injustice de Marie, la pugnacité de Grace et la persévérance de Karen, « Unbelievable » est une mini-série poignante qui met la barre très haut en termes de justesse des jeux d’acteurs avec un tournage quasi-cinématographique.
À voir absolument… « A Masterpiece » !